Distinctions 2024

28 mars 2024

La rocambolesque aventure d’Érik Lachance et la fidélité de Jacques Landry

Le 15 juin 2023, le surintendant du club St-Hyacinthe, Érik Lachance, était rentré travailler accompagné de son fils qui, lui, participait ce jour-là à une clinique pour les juniors. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette clinique de golf a fort probablement sauvé la vie du surintendant.

En fin d’après-midi, après sa journée de travail, il s’était installé sur le sofa de la salle des employés aménagée dans le garage du club, question d’y faire une petite sieste en attendant que se termine la clinique de golf de son fils. Père d’un quatrième enfant quelques jours plus tôt, il avait passé la nuit précédente au chevet du poupon, prenant le relais de la maman épuisée. Il avait donc pris soin de régler l’alarme, sur son téléphone, pour le prévenir de la fin de la clinique de golf pour juniors et ainsi regagner le domicile familial avec son fils.

«Quand l’alarme a retenti, raconte-t-il, je ne voyais plus rien tellement il y avait de la fumée dans le garage. Il y en avait tellement que je ne voyais même pas mes mains! Le feu couvait depuis déjà un bon moment. Si l’alarme n’avait pas sonné, je ne sais pas si je serais ici aujourd’hui pour recevoir ce prix.»

Érik Lachance fait ici référence au prix Bob Trevis qui lui a été décerné, le 27 février dernier, lors du congrès annuel de l’Association des Surintendants de Golf du Québec (ASGQ). Ce prix souligne le travail réalisé par un surintendant ayant vécu des événements inhabituels et ayant su traverser l’épreuve avec succès.

Évidemment, le fait d’avoir survécu à un incendie ne signifie pas être la raison principale pour laquelle le prix Bob Trevis lui a été remis. L’incendie qui a totalement détruit le garage s’est, en fin de compte, ajouté à une liste d’événements auxquels M. Lachance a été confronté.

Tous les surintendants le savent, l’année 2023 en a été une des plus difficiles à traverser pour ceux et celles ayant en charge la qualité d’un terrain de golf. Les intempéries de toutes sortes ont frappé fort l’an passé et Érik Lachance se serait bien passé de la perte du garage et de tous les inconvénients parallèles survenus.

C’est M. Bruno Chicoine, directeur général au club de St-Hyacinthe, qui a été invité à résumer les raisons ayant motivé l’ASGQ à souligner le travail d’Érik Lachance en 2023.

«Nous venions de terminer au printemps, a relaté M. Chicoine, l’avant-dernière phase d’une série de travaux visant la réfection du parcours et qui était en cours depuis deux ans. Plusieurs améliorations, pour un coût total de 3 millions de dollars d’investissements, tiraient à leur fin, il ne restait plus qu’à finaliser le remplacement des verts 15 et 16 à l’automne pour compléter ce grand projet.

«En juin, a-t-il poursuivi, on avait convenu avec Érik que l’on pouvait maintenant relaxer un peu, d’ici l’automne, prendre le temps de recharger les batteries avant de s’attaquer à la phase finale des travaux. Mais voilà que l’incendie du garage est survenu. Plus question de prendre cela plus relax. Érik et toute son équipe se sont retroussé les manches, ne se sont pas laissés abattre et ont fait en sorte que les opérations se poursuivent malgré le drame.»

L’équipe… oui l’équipe! Érik Lachance n’avait que de bons mots pour ces gens qu’il côtoie, qui ont aussi le club de golf St-Hyacinthe à cœur.

«Le garage dévasté abritait l’atelier mécanique, mon bureau et la salle des employés, précise-t-il. Il y a deux ans, les employés avaient eux-mêmes pris l’initiative de rénover le garage. Ils avaient aménagé la salle avec des meubles qu’ils n’utilisaient plus chez eux. Ils étaient fiers de leur travail, fiers de leur deuxième chez soi. N’empêche, après l’incendie, ils ne se sont pas apitoyés. Automatiquement, sans la moindre hésitation, ils se sont mis au travail pour trouver une solution de rechange.»

L’équipe s’est alors retrouvée dans une roulotte de chantier. Et les travaux pour modifier les verts 15 et 16 ont été terminés comme prévus à l’automne, clôturant ainsi le projet qui a conduit à une amélioration majeure du parcours. Il suffit de penser au trou numéro 9 qui, avant le projet, était un trou «bien ordinaire»  et qui est pratiquement devenu le trou signature du club.

Le plus fidèle des fidèles

Lors du dernier congrès qui se tenait à l’Hôtel Bonaventure à Montréal, l’ASGQ a aussi remis le prix Roger Baccichet, prix reconnaissant le surintendant de l’année au Québec. Et c’est un fidèle des activités tenues par l’association qui l’a remporté, à savoir M. Jacques Landry.

Visiblement ému lorsque rencontré peu après la remise des prix, le surintendant du club de Matane ne cachait pas le sentiment de fierté qui le gagnait à ce moment.

«Quel bel honneur, je ne m’y attendais tellement pas!», a-t-il mentionné.

Membre du comité de sélection pour ce prix, le surintendant de la Vallée du richelieu, Dean O’Doherty, explique la raison ayant mené à la reconnaissance de M. Landry comme surintendant de l’année en 2023.

«Jacques est présent à chacune de nos activités, de dire M. O’Doherty, que ce soit le congrès annuel, les tournois pendant l’été ou les rencontres de formation, il est toujours là. Il arrive de Matane, se tape tout le chemin pour venir à nos activités. C’est un membre très actif qui mérite pleinement cet honneur.»

«J’en fais un devoir d’être là, reprend M. Landry. C’est important de participer aux activités de notre association. Les séances de formation sont très intéressantes, on apprend beaucoup, et lors du congrès ou lors des tournois, c’est toujours une belle occasion d’échanger avec les collègues, d’agrandir notre réseau de contacts.»

Quand nous demandons à Jacques Landry ce qui lui plaît le plus dans son travail de surintendant, la réponse ne se fait pas attendre. Tout sourire, il précise : «Être le premier arrivé le matin, c’est quelque chose! Voir le jour se lever sur les allées de golf, la vie reprendre peu à peu et voir la nature se réveiller, il n’y a pas de prix!»

Si, il y a un prix… celui du surintendant de l’année, le prix Roger Baccichet.

 

Auteur : Martial Lapointe, journaliste